L'atelier de linogravure à l'Espace Pierre de Grauw

Les gens se pressent, à l'heure, pour notre stage de linogravure. Nous avons dû refuser du monde et il y a même une liste d'attente. Pour débuter, Chantal Bertholom nous propose de visiter l'espace Pierre de Grauw. La vingtaine de stagiaires se laisse conduire. Beaucoup viennent des environs. Ils pratiquent pour certains le dessin. Nombreux sont ceux qui connaissent déjà l'espace.

Puis Jean-Pierre Mayot, notre linograveur, prend la main. A nous de nous inspirer de ces œuvres pour trouver un thème que nous graverons. Reproduire ou s'inspirer d'une œuvre, d'une partie, d'un détail… Les traits bruts de l'œuvre de Pierre de Grauw conviennent parfaitement à ce que nous pourrons obtenir de la linogravure.

Je suis impressionné par mes camarades qui sortent leurs carnets de dessin. Au crayon, plusieurs d'entre eux ont déjà croqué deux ou trois œuvres. Nous faisons pâle figure en comparaison…

Un atelier est improvisé de l'autre côté de la rue. Une belle presse de notaire, en fonte, trône sur la table. Jean-Pierre nous présente la technique. Attention à ces pleins et ces vides qui deviendront du noir et du blanc ; attention à l'inversion du dessin lors de l'impression… Après toutes ces informations, ne pas paniquer et reprendre son dessin. Chacun se saisit de son carré de linoleum et les gouges se mettent à creuser la matière. L'ambiance est studieuse. En traversant la pièce, je vois surgir sur les plaques des visages christiques, des prophètes, des femmes, des mains qui se joignent, des hérauts. Je creuse pour ma part le corps de Job souffrant.

Premier essai d'encrage. A mon tour, j'applique le rouleau sur ma plaque, je superpose le papier, puis je soumets le tout à l'action de la presse. Résultat décevant. Une partie de la gravure ne s'est encrée qu'à moitié. L'encre est une traîtresse. Coup d'éponge et nouvel essai. Cette fois-ci, je serre la vis de la presse énergiquement pour éviter le même résultat. Catastrophe : les traits les plus fins ont disparu sous la pression… le troisième essai sera plus concluant. Mais cette fois, des détails que je n'avais pas prévus apparaissent… Jean-Pierre nous avait prévenu : l'encre révèle ce qu'elle veut et aime surprendre.

Jean-Pierre nous fait essayer d'autres papiers et couleurs d'encre. Pour une petite demi-journée de travail, l'ensemble des tirages est stupéfiant. Nous repartons forts de cette découverte : l'encre a sa propre liberté.

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